Projet ASE

À ce jour, les études ont considéré la vie sexo­relationnelle des victimes d’agression sexuelle de manière fragmentée, en s’attardant à une seule période développementale ou en se limitant à une vision symptomatologique des répercussions de l’ASE. Pour pallier ces limites, ce projet veut documenter les parcours sexo­relationnels des adultes victimes d’ASE à partir de la théorie des parcours de vie. Cette perspective novatrice d’analyse propose une lecture interdisciplinaire et holistique de l’individu dans son environnement. Ce projet s’appuie sur une méthodologie mixte séquentielle qui cible 200 femmes et hommes ayant vécu ou non une ASE (volet quantitatif) et un sous­ échantillon de 50 participants victimes d’ASE (volet qualitatif).

Le projet de recherche vise à : 1) identifier les répercussions de l’expérience d’agression sexuelle à l’enfance sur le fonctionnement relationnel et sexuel à l’âge adulte des hommes et des femmes ; 2) documenter les expériences de recherche d’aide et de recours aux services des adultes ayant vécu une agression sexuelle pendant l’enfance et ; 3) à la lumière des résultats, développer des outils d’interventions adaptées.

Principaux résultats de l’étude

Le projet avait pour objectif de documenter le parcours sexo-relationnels et de recherche d’aide d’adultes ayant rapporté une agression sexuelle à l’enfance (ASE). Les résultats démontrent que l’ASE est associée à un large éventail de conséquences sur le plan intime et sexuel (évitement des relations intimes, dépendance affective, adoption de comportements sexuels à risque ou compulsifs, faible estime sexuelle, etc.).

Trois profils d’expériences de traumas interpersonnels en enfance, incluant l’ASE, et de présence attentive ont été identifiés. Certains participants ont vécu des traumas physiques et des traumas psychologiques d’autres ont vécu des traumas psychologiques, et un dernier profil a vécu de faible taux de traumas. Le vécu de plusieurs traumatismes s’exprime par l’évitement de souffrance. Certains expriment une prise de contact avec leur souffrance, ce qui les conduit à une recherche de ressources adaptée pour réduire la détresse. Quelques survivants rapportent des effets bénéfiques au plan psychologique suite à la consultation dans les ressources.

Plus de la moitié (57%) des femmes rapportent avoir subi au moins une forme de violence (psychologique, sexuelle ou physique) de la part d’un partenaire intime. Ces différentes formes de violence donnent lieu à des trajectoires de recherche d’aide complexes. Des difficultés liées à l’accès, la stabilité et la disponibilité des services sont rapportées par les survivantes. Au moment de chercher de l’aide, hommes et femmes se heurtent à des réactions différentes de la part de leurs proches. Les hommes expriment vivre de la honte et du rejet considérant que l’ASE s’oppose aux normes de masculinité en vigueur, alors que les femmes mentionnent des réactions des proches qui renforcent leur sentiment de culpabilité face aux ASE vécues. Néanmoins, plusieurs rapportent des réactions positives de la part de leurs proches, comme le soutien, l’écoute et l’accompagnement vers des ressources psychosociales.